Le XXème siècle

Le XXème siècle permet de trancher sur la question de la définition du whisky.  C'est aussi un siècle de domination du marché par les blended whiskies, un siècle marqué par les fusions et la concentration de l'industrie du whisky.

1905

En novembre 1905, dans le nord de Londres, le patron d'un pub et le responsable d'une société de négoce de vins et spiritueux sont mis en cause par la Cour du bourg d'Islington pour vente d'un "whisky" dont la nature, la composition et la qualité ne correspondent en rien à ce qu'avait commandé le client.

Cet événement apparemment anodin dans un contexte où aucun texte de loi ne donne de cadre à la pratique de l'assemblage est pourtant lourd de conséquence.  Le breuvage en question était composé de 10% de whisky élaboré dans un alambic et 90% d'alcool élaboré dans un coffey still.  La cour du bourg d'Islington rend son verdict en février 1906 et décrète qu'un tel mélange ne peut être légitimement appelé whisky.

Cette décision provoque la stupéfaction générale dans le monde de l'assemblage de whiskies.  Par ce jugement, leur activité venait d'être rendue illégale.  Les producteurs d'alcool de grain décident de faire appel de cette décision.  En juillet 1909, la Commission Royale annule le jugement de la Cour du bourg d'Islington et donne sa définition du whisky.

1915

Dès les premiers mois de la guerre, l'industrie de l'armement britannique est dépassée par les événements.  Au banc des accusés se trouve l'alcool qui est perçu comme l'ennemi numéro un, devant l'Allemagne et l'Autriche.

En février 1915, Lloyd George, alors Chancelier de l'Echiquier, déclare que dans cette guerre, l'alcool fait plus de ravages que l'ensemble des sous-marins allemands.

A défaut de pouvoir imposer une interdiction totale de la production d'alcool, une loi est votée - The Immature Spirit (Restriction) Act - qui impose une période minimum de vieillissement de 3 ans avant toute commercialisation.  Cette mesure qui devait s'appliquer le temps des hostilités devient une condition nécessaire à l'appellation "whisky".  Elle met hors circuit un certain nombre de négociants.

La guerre ne fait qu'accélérer le processus de fusion déjà largement entamé par la DCL (Distillers Company Ltd).  Suite aux restrictions, la majorité des distilleries indépendantes est poussée à la fermeture.  A la fin de la guerre, elles ne sont plus en position de force et doivent accepter les propositions de fusions de la DCL.

1920

Le 17 janvier 1920, la prohibition est votée aux Etats-Unis.

Le mouvement de fusion s'accentue en Ecosse.  Ainsi, en 1924, John Haig & Co fusionne avec la DCL.  En 1925, c'est au tour de Buchanan-Dewars et Johnnie Walker, suivi deux ans après par White Horse.

1933

L'intégration de ces groupes ouvre de nouveaux horizons à la DCL qui a pour objectif d'innonder le marché des Etats-Unis.  Lorsque ceux-ci mettent fin aux 14 années de prohibition en 1933, le monde sombre dans une dépression qui affaiblit l'industrie du whisky.  C'est ainsi que les groupes américains, tel Hiram Walker et Seagram, font leur entrée sur le marché du scotch-whisky.

1939

Avec le déclenchement de la seconde guerre mondiale, l'industrie du whisky fait face à une nouvelle période de restrictions.  Dès la fin de l'année 1939, la production de whisky est interrompue et les stocks de grains de la DCL réquisitionnés.  La plupart des distilleries ferment en Ecosse.  Pourtant, à trois reprises, la production de whisky reprend, motivée par les échanges avec les Etats-Unis.

A la fin de la seconde guerre mondiale, malgré les restrictions imposées à la population, la production de whisky prend de l'essor.  Dans une note fameuse d'avril 1945, Churchill en explique les raisons: "Ne réduisez en aucun cas l'orge pour le whisky.  Celui-ci prend des années pour mûrir et est une exportation inestimable et rapporte beaucoup.  Vu toutes nos autres difficultés en terme d'exportation, il serait très imprévoyant de ne pas préserver cet élément britannique caractéristique."

1959

De 1947 à 1953, la production de whisky et la répartition faite entre la part octroyée au marché domestique et celle de l'export est planifiée.  Il faudra attendre 1959 pour que le rationnement du marché domestique prenne fin.

1963

Glenfiddich est la première distillerie à exporter son single malt.

1965-1973

Les années 60 et 70 sont celles de la rénovation et de la modernisation de l'industrie du whisky.  Beaucoup de distilleries travaillent 7/7j et 24/24h.  Des distilleries depuis longtemps fermées ouvrent à nouveau leurs portes et sont reconstruites.  Notamment Port Ellen, Benriach, Elgin, Caperdonich et Rothes.  De nouvelles apparaissent: Tormore et Loch Lomond à la fin des années 60, Mannochmore, Brora et Caol Ila au début des années 70, afin de produire du whisky de masse;  Mais ce sont également des malteries (dont Port Ellen sur Islay), des nouveaux centres d'embouteillages (dont celui de Leven)et de nouveaux entrepôts qui sont construits.

Tous ces investissements reflètent l'optimisme des grands groupes qui assemblent et vendent les whiskies.  Le niveau de production des distilleries dépendant des commandes de ces groupes, commandes faites en fonction des prévisions de vente à l'export sur plusieurs années.

1975

Le milieu des années 70 met un terme à cette période d'euphorie.  Les effets de la crise se font rapidement sentir et le président de la DCL décide de réduire la distillation de whisky en 1975.

1983

Conséquence de la récession mondiale, le début des années 80 est marqué par la fermeture de nombreuses distilleries dont certaines définitives telles que Dallas Dhu, St Magdalene et Port Ellen.

1987

C'est dans ce contexte de crise que United Distillers lance une gamme de Classic Malts, emboîtant le pas de plusieurs négociants qui, depuis plusieurs années, oeuvrent pour la promotion et la diffusion des singles malts.

Au cours des 90, le mouvement de fusion de l'industrie du whisky s'accentue davantage.  Deux nouvelles distilleries sont construites, dont Kininvie.  La commercialisation des whiskies de malts prend de l'essor, répondant à une tendance de plus en plus affirmée pour ce qui est l'essence même du whisky écossais.

2001

Le nouveau millénaire est marqué par la réouverture et la construction de nouvelles distilleries.

Sources: www.whisky.fr et www.balvenie.com

Le XVIIIème siècle fût celui de la contrebande.  Brandy, rhum et gin pour les plus aisés, whisky pour les classes défavorisées.  Il faudra attendre 1784 pour que les questions de la légalité du whisky et de l'application des taxes soient réellement prises au sérieux.

1707

L'Union des parlements d'Ecosse et d'Angleterre a plusieurs conséquences:

* Une harmonisation de la taxe sur les spiritueux entre l'Angleterre et l'Ecosse: le "Board of excise" (administration chargée de prélever les taxes sur l'"Uisge Beatha").  L'augmentation des taxes poussera les petits producteurs à produire de l'eau de vie illégalement.

* La création d'un conseil écossais de la régie, qui est, en pratique, dirigé par des fonctionnaires anglais.

Peu avant la signature du traité d'Utrecht qui met fin à la guerre d'Espagne, le gouvernement britannique annonce que la taxe sur le malt en Ecosse est ramenée au niveau de celle de l'Angleterre.  Il n'en faut pas davantage pour qu'une motion de dissolution de l'Union soit déposée par les écossais.  Le traité de l'Union prévoyait que l'Ecosse ne participerait pas au financement du coût de cette guerre.  La motion sera rejetée et la taxe sur le malt imposée.  Elle ne sera jamais réellement appliquée...

1725

Robert Walpole, alors premier ministre, décide de lever la première taxe sur le malt d'Ecosse dont il fixe le taux à la moitié de celui pratiqué en Angleterre.

De violentes émeutes éclatent à Glasgow.  Daniel Campbell, l'autorité locale qui avait voté en faveur de cette taxe, voit sa maison mise à sac.  L'armée est déployée sur le terrain pour mettre fin aux émeutes.  Onze personnes seront tuées.

Si cette taxe pénalise durement les producteurs de Ale (bière locale produite à partir d'orge), elle stimule la consommation de whisky produit à partir d'un mélange de céréales et non de malt uniquement.

1756

Suite à une mauvaise récolte sur l'ensemble du territoire, le gouvernement décide d'interdire la distillation commerciale jusqu'en 1760.  La faillite de nombreuses distilleries permet à la distillation domestique (qui n'était pas concernée par cette décision) de prendre de l'essor.  Celle-ci est projetée dans la clandestinité pour survivre.

1781

Parmi les multiples tentatives d'enrayer la production de whisky, le gouvernement interdit purement et simplement la distillation domestique.  Des récompenses seront accordées à ceux qui informaient "les hommes de régie" de l'emplacement d'alambics clandestins.  De nombreux distillateurs y verront le moyen de renouveler leur équipement.  Ils révèlent eux-mêmes l'emplacement de leurs vieux alambics et, avec la récompense, s'en achètent de nouveaux.

1784

Toutes ces mesures ayant produit des effets contraires, le gouvernement tentera d'encourager la distillation légale dans les zones reculées et défavorisées des Highlands.  Outre l'application d'une taxe inférieure pour les Highlands, le "Wash Act" définit la taille minimum des alambics.  Mais surtout, il interdit l'exportation du whisky hors des Highlands.

1788

La situation devient rapidement insoutenable.  Face au flot de whisky de mauvaise qualité en provenance des Lowlands, les distillateurs anglais font pression sur le gouvernement qui, en 1788, adoptera le "Lowlands Licence Act" et exigera des distillateurs des Lowlands qu'ils donnent un préavis de 12 mois avant d'exporter leur alcool vers l'Angleterre.  De nombreuses distilleries feront faillite...

1797-1798

John Stein of Kilbagie, à l'époque le plus important distillateur d'Ecosse, explique devant le "Select Committee of the House of the Commons" que plus de la moitié du whisky consommé en Ecosse est produit illégalement.  Ces whiskies en provenance du nord grèvent considérablement sa part de marché dans des villes telles que Perth, Stirling et Glasgow dans lesquelles il a de grosses difficultés à vendre sa production.  De même, John Stewart, un aubergiste du Perthshire, explique que ses clients préfèrent payer le double pour un whisky des Highlands produit clandestinement plutôt que d'avaler un whisky des Lowlands dont leur estomac et leur crâne se plaindraient.

Sources: www.whisky.fr et www.balvenie.com

... c'est aussi une histoire...

Celle-ci nous amène à la découverte d'une eau de vie, "Uisge Beatha", venant de l'une des dernières contrées encore sauvage d'Europe: l'Ecosse.

Dans la région des Highlands, près de l'une des vallées des "Grapain Mountains", à l'est de celles de Glenlivet, de l'autre côté des collines se trouve Glenfiddich.  La rivière qui porte le nom du "Glen" s'appelle la "Fiddich" et prend sa source sur "Corryhabbie Hill" (525m) puis traverse la forêt et le Glen.  De la même colline et du sombre "Ben Rinnes" coulent aussi les eaux de la "Dullan" qui rejoignent celle de la "Fiddich" à Dufftown dans le "Branffshire" avant de se jeter dans la "Spey".

C'est dans ce cadre merveilleux, juste à côté du château de Balvenie, que se trouve la distillerie Glenfiddich.  Le nom de la distillerie signifie "La Vallée des Cerfs" en gaélique écossais et se prononce avec un "ch" dur (comme un "r") comme dans le mot écossais "loch".

C'est là, il y a plus d'un siècle, que William Grant (1839-1923), fils d'un tailleur de Dufftown, naît.

Son parcours commence dès l'âge de 7 ans où il devient gardien du troupeau familial.  Puis il est employé aux écuries avant de rentrer comme comptable, en 1866, à la distillerie "Mortlach" dont il deviendra le manager.  C'est là que, pendant 20 ans, il observe et étudie les différentes techniques, les secrets et le tour de main de la fabrication du Whisky.

Il en profite durant ces longues années pour économiser avant de s'installer à son compte.  Il a un salaire de 100£ par an et perçoit 7£ supplémentaire en tant que maître de l'Eglise Libre de Dufftown.  Il dut mener une vie rude pour acheter, pour la somme de 755£, l'emplacement où il fit construire la distillerie en septembre 1886.

Mais pas n'importe quelle distillerie... celle dont la renommée et le savoir-faire de ses artisans n'est plus à faire dans le monde du single malt: la distillerie Glenfiddich.

Pour cela, il rachète à Elisabeth Cumming (de la distillerie de Cardhu) des alambics et du matériel d'occasion pour environ 120£.  L'idée de bâtir sa distillerie avec du matériel ayant déjà servi est basée sur le fait que William Grant voulait être certain que les alambics fonctionnent réellement et il ne voulait pas prendre le risque de démarrer avec des alambics n'ayant pas fait leurs preuves.

Il va puiser son eau à la source "Robie Dhu".  La distillerie est une affaire de famille, avec sa femme Elisabeth et ses neuf enfants (7 garçons et 2 filles).  Elle fut construite à partie de moyens artisanaux, pour ne pas dire du bricolage: il utilise les pierres du lit de la rivière "Fiddich"!  La distillerie elle-même ne manque pas de caractère avec ses pierres grises et ocres, les toits d'ardoises pentus en forme de pagodes, ...  Elle a gardé son aspect originel et les nouvelles constructions très importantes respectent son style.  Malgré sa taille, elle garde quelques techniques anciennes de fabrication.

A Noël 1887, le premier "spirit" coule des alambics.  C'est le début d'une histoire de passion qui dure depuis plus d'un siècle.

Le Glenfiddich n'a pas connu un succès immédiat.  Il a fallu toute la persévérance de la famille Grant pour imposer ce whisky.  La première production fut difficile à commercialiser et la petite histoire raconte que le premier commis voyageur dut visiter 500 clients avant de vendre sa première caisse.

En 1892, William Grant construit une deuxième distillerie, juste à côté de Glenfiddich, du nom de "Balvenie".

En 1898, William Grant est pris de court par la faillite des frères Pattison, blenders de la ville de Leith (Edimbourg), les principaux clients de la distillerie qui achètent habituellement le malt.

Dans un premier temps, la famille Grant commence par s'illustrer avec les Blends portant les noms de "Stand Fast" et de "Best Procurable" qui seront commercialisés plus tard sous le nom de "Grant's".

Il crée le label "William Grant's Family Reserve" qui va s'exporter dans le monde entier.  Le succès de ce blend ne se démentira plus...

Sources: www.glenfiddich.fr

Bienvenue sur ce blog dédié à ma passion pour le whisky et plus particulièrement, la marque bien connue "Glenfiddich".

Dès ce mercredi, je vous propose de me suivre à travers l'histoire du Scotch-Whisky, de sa création à nos jours" et dès samedi, de découvrir celle du whisky Glenfiddich.

Bon voyage dans le temps à la découverte de l'"Uisge Beatha" qui deviendra plus tard... le whisky!

Je vous souhaite une bonne et heureuse année 2013.  Qu'elle vous apporte à vous ainsi qu'à toute votre famille joie et bonheur, santé et prospérité ainsi que d'explorer ou de redécouvrir la richesse de la gamme Glenfiddich.

"Le 25 décembre 1887, il y a donc 125 ans très exactement,  était recueilli le premier distillat de Glenfiddich. Pour célébrer cet anniversaire un peu particulier, un arbre de Noël constitué de 665 bouteilles a été érigé devant la distillerie du Speyside. Tous les employés de la distillerie et de la chaine d’embouteillage ont participé à son montage sous la houlette de Andy FairGrieve, en charge de la résidence d’artiste de Glenfiddich."  WhiskyMag