Le Scotch-Whisky: de sa création à nos jours (5)
Le XIXème siècle
Le début du XIXème siècle mit un terme aux beaux jours de la distillation illégale en Ecosse, notamment en raison de l’intervention de l’armée et de la marine dans la lutte contre les distillateurs clandestins. « L’Excise Act » de 1823, jeta les base d’une industrie du whisky moderne, aidée par des avancées technologiques qui révolutionnèrent les méthodes de production et les modes de consommation. Mais le XIXème siècle sera aussi celui de la prohibition et de la création des premières associations anti-alcooliques.
1814-1815
Jusqu’en 1814-1815, la distillation illégale continue de progresser. Elle atteint un niveau tel que les autorité locales exposent aux représentants du gouvernement les effets pernicieux du système de taxation. La loi sur les petits alambics, le « Small Still Act » revient sur les mesures prises par le « Wash Act » de 1784 et supprime la distinction Highlands-Lowlands. Il permet l’utilisation d’alambics d’une capacité supérieure à 500 gallons, ce qui revient à interdire la distillation dans les Highlands.
1820
La suppression de la ligne des Highlands permet d’améliorer les échanges avec les Lowlands, ce qui encourage plusieurs distillateurs à s’installer de façon légale.
1823
Suite à une commission d’enquête, une loi de régie, « l’Excise Act » de 1823, diminue la taxe et impose une licence annuelle de £10. Cette mesure marque un tournant dans l’histoire du whisky en Ecosse bien que ses effets ne soient pas immédiats. Ce ne sera qu’à partir de la commercialisation et de l’essor des whiskies d’assemblage que la production illégale commencera à diminuer, sans pour autant jamais totalement disparaître. De 1823 à 1825 le nombre de distilleries légales passe de 125 à 329.
1826
Robert Stein, célèbre distillateur des Highlands à Kilbagie, dans la région de Fife en Ecosse, met au point un alambic permettant la distillation de whisky en continu.
1828-1829
L’émergence de ligues anti-alcooliques au XIXème siècle est une réaction au contexte de modernisation de l’industrie du whisky. La combinaison de différents facteurs – tels que les dernières avancées techniques ou l’assouplissement des taxes en 1823 – provoque un mouvement de crainte face à l’apparente augmentation de la consommation d’eau-de-vie parmi les couches sociales défavorisées et à la recrudescence de la criminalité dans les villes.
Les premières associations anti-alcoolique voient le jour entre 1828 et 1829 en Ecosse à Greenock, à l’ouest de Glasgow. Ce mouvement prend de l’ampleur et se diffuse en Angleterre au début des années 1830 à Bradford, puis à Leeds et Londres.
1830
La fin des années 1820 et le début des années 1830 marque le passage d’un système d’élaboration du whisky encore relativement traditionnel et artisanal à un système de production de masse. L’invention d’une méthode de distillation en continu par un ancien inspecteur général de régie d’origine Irlandaise – Aeneas Coffey – révolutionne l’industrie du whisky. Coffey n’était certes pas le seul à tenter de perfectionner les méthodes d’élaboration du whisky mais il perfectionna l’alambic en continu le «Patent Still » . Aeneas Coffey breveta son invention en 1830, sous le nom de « Coffey Still ».
Pendant 20 ans, le Coffey Still ne sera utilisé que pour la production d’alcool industriel et de gin. Il faudra attendre les année 1850 pour que les distillateurs réalisent le potentiel commercial et l’essor des blends d’une telle invention.
1850
L’introduction du Coffey Still permet à de nombreux négociants de développer la pratique des assemblages d’alcools, pratique déjà répandue depuis plusieurs années. Les marchands achètent directement leurs whiskies aux distilleries et réalisent leurs assemblages qu’ils conditionnent dans des jarres en grès. C’est ainsi que les plus grands noms de l’industrie du blended whisky apparaissent : Georges Ballantine’s, Johnnie Walker, Andrew Usher…
1853
Apparition du premier assemblage de marque, le Usher-Glenlivet, élaboré par Andrew Usher.
1872-1876
A partir des années 1870, un réel besoin de définition du whisky et de son cadre législatif se fait sentir. Des analyses réalisées sur de nombreux produits vendus en tant que whisky révèlent la présence de substances autres que celles traditionnellement associées au whisky. On y trouve la présence d’alcools de vin ou de prune, utilisés en tant qu’arômes, ou encore la présence de substances plus nocives telles que la térébenthine, l’acide sulfurique, l’huile de fusel ou de verni.
Au banc des accusés se trouvent non pas les distillateurs mais les négociants.
A partir de 1872, la presse – dont le London Times, le Daily Telegraph et le North British Daily Mail – mène sa propre enquête, publie ses conclusions et fait écho de ces frelatages.
En 1875, en votant le « Sale of Food and Drugs Act », le nouveau Premier Ministre Benjamin Disraeli interdit l’introduction de toute substance qui puisse rendre la consommation de l’alcool dangereux.
1877
C’est dans ce contexte qu’en avril 1877, six producteurs d’alcool de grain se groupent pour former la "Distillers Compagny Ltd", la DCL. Ce regroupement témoigne d’un besoin d’organisation et de rationalisation de l’industrie du whisky.
1886 -1887
Création de la distillerie Glenfiddich par William Grant.
1890
Dès 1875, la House of Commons est interpellée sur la question d’une définition du Whisky et de la durée de la période de vieillissement. Il faudra attendre 1890 pour que, suite aux protestations répétées de la Scottish Malt Distillers Association, de la presse et du corps médical, un comité spécial soit nommé par le gouvernement afin de mener une enquête.
Un rapport sera remis un an plus tard. Les conclusions n’apportent aucune solution, le comité ayant adopté une position neutre et n’ayant tranché sur aucun des points soulevés. Ceci exacerbera d’autant plus la polémique dans les journaux et la guerre commerciale.
En 1896, une commission royale est nommée.
Sources: www.whisky.fr et www.balvenie.com